4 mois, qu’est-ce que c’est 4
mois ? Plus de 120 jours. Oui, mais pas seulement, ça représente également
la période depuis que j’ai quitté la Suisse et mon petit cocon familial pour
découvrir une nouvelle façon de vivre à
l’autre bout du monde. 4 mois, c’est à
la fois extrêmement court et très long. Court, parce que cela passe à une
vitesse folle. On essaie de compter tout d’abord les jours, puis les semaines
et maintenant les mois mais cela ne change pas grand-chose. Ça défile à toute
allure et je suis désormais entré dans le dernier mois de mon programme alors
que j’ai l’impression d’avoir quitté ma famille il n’y a que quelques jours. Et
puis en y réfléchissant un petit peu plus, c’est tout de même passablement
long. En 4 mois, on en apprend des choses, beaucoup de choses mêmes. Je crois
d’ailleurs que ces 4 derniers mois ont été les plus enrichissants de ma courte
vie. J’ai appris les bases de l’indonésien, énormément de nouvelles
connaissances historiques et géographiques au sujet de cet immense pays qui
s’étend sur 5'000 km (soit la distance de Londres à Bagdad !), mon anglais est beaucoup plus fluant que lors
de mon arrivée, j’ai appris à enseigner ou
encore à manger avec les mains de manière propre. J’ai aussi appris énormément
de choses qui sont plus difficilement quantifiable mais qui dans un monde toujours
plus individualisme me semblent très importantes.
« Apprendre »,
j’aimerais revenir sur ce mot. Il est peut-être l’un des plus beaux et des plus
importants de la langue française aux cotés de « Merci » et
« Respect ». On apprend à marcher, à parler, à jouer, à lire, à
compter, à aimer ou encore à se créer une opinion. Personne n’a appris à faire
du vélo en regardant le tour de France mais en essayant, en chutant et en se
relevant car « Apprendre » est souvent indissociable au mot
« Découvrir ».
Que ce soit lors de mes voyages
avec mes parents et mon frère ou encore plus lors de mon programme en
Indonésie, je suis persuadé que j’ai toujours beaucoup plus appris à la
découverte du monde que si j’étais resté en Suisse bien qu’on ait manqué
plusieurs semaines d’école.
Pour beaucoup, le monde en dehors
de l’Europe se résume à quelques magnifiques images vues dans un livre ou à la
télévision, de deux semaines de vacances passées dans un club Med ou de tout ce
que l’on entend dans les médias ; une Russie qui fait peur, une épidémie
qui se propage en Afrique, un Etat Islamique qui sombre dans la folie, des
tueries à répétition dans les écoles américaines. Mais résumer le monde qui
nous entoure à cela, serait, je crois, une grande erreur. Notre planète dénombre
en réalité des milliers de cultures et d’ethnies différentes, regorge de
millions d’endroits inouïs et enchanteurs
et compte sept milliards d’êtres humains pour autant de sourires et de
façon de penser. Pour en connaître ne serait-ce qu’une infime partie, la seule
solution est de partir, partir à leur découverte.
Faire un programme volontaire
n’est peut-être pas la meilleure solution pour s’émerveiller devant des
milliers de paysages car contrairement à un voyage, il faut toujours rentrer au
même point de chute. En revanche, ce programme m’a permis d’être au plus proche
de la population indonésienne et de sa culture bien davantage que n’importe
quel voyage. J’ai notamment assisté à pas moins de 5 mariages allant de celui
d’une famille aisée avec des centaines d’invités, des danseurs traditionnels,
une salle magnifique et un buffet à faire pâlir Obélix à celui d’une famille
défavorisée dont le mariage s’est déroulé dans leur petite maison décorée pour
l’occasion avec quelques chaises et tabourets installés dans la minuscule
ruelle qui longe le domicile afin d’accueillir quelques invités. J’ai pu
déguster presque tous ces plats que l’on mange au bord de la rue et qui sont
proposés par des vendeurs ambulants pour moins de 60 centimes suisses avec thé à volonté offert
ou encore me balader dans un marché traditionnel avec un ami indonésien et voir
comment marche les négociations.
L’Indonésie est le symbole de ces
pays émergents en passe de devenir des grandes puissances économiques mondiales
mais dont la situation de la majorité de la population reste précaire. Cette
année, l’Indonésie est l’état qui a compté le plus de nouveaux millionnaires
mais environ 40% de sa population continue de vivre avec moins de deux Dollars
US par jour. Tout au long de ces 4 mois,
j’ai pu vivre partagé entre ces deux mondes qui vivent l’un à côté de l’autre
mais dont tout oppose. D’un côté ma famille d’accueil qui m’a tout offert, une
magnifique maison, des nuits dans de très beaux hôtels, des desserts presque
tous les jours, plusieurs repas au restaurant et bien d’autres choses dont je
ne saurais vous décrire. De l’autre côté, mes collègues et amis de l’école qui
vivent dans des zones d’habitations appelées « Kampung », sortes de
bidonvilles - mais avec des maisons en dur - dont on n’imagine pas la présence
lorsque l’on se promène dans les rues principales de la ville. Mais une fois
rentré dans ces « Kampung », ce sont des centaines de petites maisons
collées les unes aux autres traversées par des minuscules ruelles d’un mètre de
large qui font office de labyrinthe. Grâce à ce programme, j’ai pu découvrir
ces petites maisons qui ne comptent qu’une pièce commune, sans tables et avec
pour cuisine des réchauds à gaz posés à même le sol, et 2 à 3 petites chambres
de 4 m2 où vivent entre 7 à 8 personnes.
Mais ce que je retiendrai surtout
de cette expérience ce sont tous ces sourires, ces moments partagés avec ma
famille d’accueil ou à l’école, ces centaines de « Hello Mister »
criés par les enfants ravis de voir un étranger passé devant leur maison, cet
accueil extraordinaires reçu partout où je suis allé et cette générosité sans
limite du peuple indonésien.
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